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Un collectif d’anciens collaborateurs de Sékou Ouédraogo, premier directeur photo de la Haute-Volta, aujourd’hui à la retraite, lui a rendu visite le jeudi 11 septembre 2025 à son domicile à Ouagadougou. L’objectif a été d’honorer ce pionnier qui, selon plusieurs témoignages, a marqué de son empreinte l’histoire du cinéma burkinabè et africain.
L’initiative est portée par le réalisateur Serge Armel Sawadogo, auteur du film Une femme à Kosyam. Dans sa démarche, il a souhaité distinguer plusieurs figures emblématiques du cinéma burkinabè en leur offrant une chaise de tournage, symbole de reconnaissance et de respect.
L’une d’elles a été remise à Sékou Ouédraogo, unanimement reconnu comme le premier grand directeur photo du pays et comme l’un des artisans de l’essor du cinéma burkinabè, notamment à travers le FESPACO.
Âgé de 83 ans, Sékou Ouédraogo a, selon plusieurs témoignages, un parcours remarquable : il a travaillé sur d’innombrables documentaires, des films éducatifs et des productions de sensibilisation autour de l’agriculture et de la santé. Il fut aussi le directeur photo de Wend Kuuni, le chef-d’œuvre de Gaston Kaboré, qui a remporté l’Étalon d’or de Yennenga au FESPACO.
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Aujourd’hui encore, il répond volontiers aux sollicitations pour partager sa passion, parler de son métier et prodiguer des conseils aux jeunes opérateurs de prises de vue. Ému, le pionnier s’est dit touché par cette marque de reconnaissance. « Je suis très content. Je ne m’attendais pas à ça, car ce sont mes petits frères. Je me sens honoré par ce geste » a-t-il dit.

Gaston Kaboré, présent lors de la cérémonie, a tenu à rendre hommage à celui qui fut son collaborateur. « C’est un professionnel qui a énormément de talent et qui parle peu, car pour faire de la photo, il faut rester attentif à tout ce qui se passe. Pour nous, il a été un mentor. Sans lui, beaucoup d’entre nous n’auraient pas reçu la reconnaissance que nous avons aujourd’hui » a-t-il déclaré.

Malgré la joie de cet hommage, Sékou Ouédraogo n’a pas caché ses inquiétudes pour l’avenir du cinéma burkinabè. « Le cinéma burkinabè, vraiment, je suis un peu inquiet, même le cinéma africain en général. On fait des films qu’on ne peut pas exploiter, alors que lorsqu’on réalise un film, c’est pour le rentabiliser et en produire d’autres.
Le succès d’un film au FESPACO n’ouvre pas forcément des portes, car 80 % de nos films sont destinés aux festivals et ne circulent pas ailleurs. Il faut que nous, Africains, collaborions davantage pour que nos œuvres puissent voyager. Tant que ce n’est pas le cas, on travaille à perte » a-t-il ajouté.

Pour Serge Armel Sawadogo, cet hommage s’imposait. « Quand on n’honore pas ses aînés, il y a de fortes chances que nous-mêmes rencontrions des difficultés. Les respecter, c’est recevoir une grâce. Il était donc nécessaire de leur rendre hommage, afin de reconnaître ce qu’ils ont accompli et de transmettre ce message aux générations futures », a-t-il indiqué.
Aurelle KIENDREBEOGO et Mahoua SANOGO (Stagiaires)
Burkina 24
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